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Tabaski et hypocrisie : quand les travailleurs tirent le diable par la queue pendant que leurs patrons paradent sur les réseaux sociaux…

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Tabaski et hypocrisie : quand les travailleurs tirent le diable par la queue pendant que leurs patrons paradent sur les réseaux sociaux…

La Tabaski approche. Une fête religieuse d’une importance capitale dans la société sénégalaise.
Elle symbolise le sacrifice, la solidarité, la foi. Mais au-delà des valeurs religieuses, elle devient, pour de nombreux Sénégalais, une source de stress, d’angoisse et d’humiliation. Ce n’est plus seulement une fête, c’est une épreuve pour des milliers de pères de famille qui n’ont qu’un seul souhait : ne pas décevoir leurs enfants. Et pourtant, malgré tous leurs efforts, leur réalité les rattrape.

Ils travaillent. Du lundi au samedi, parfois même le dimanche. Ils sont gardiens, chauffeurs, serveurs, secrétaires, ouvriers, femmes de ménage…
Ils touchent 75.000 francs CFA, parfois 100.000, au mieux 150.000. Des miettes, dans un pays où le coût de la vie grimpe sans cesse. Pourtant, ils se lèvent tôt, rentrent tard, sacrifient leur santé, leur temps, leur vie de famille pour faire tourner la machine. Une machine qui enrichit d’autres, qui profite à ceux qui ont les moyens de fermer les yeux sur la misère de ceux qui les servent.

Mais à l’approche de la Tabaski, ce ne sont pas eux que l’on récompense. Ce ne sont pas eux que l’on soutient. Ce ne sont pas eux que l’on met en avant.
Les patrons et leur hypocrisie en plein jour
On les voit, ces patrons, généreux en façade, offrir des béliers de luxe à des célébrités, distribuer des liasses de billets à des personnalités médiatiques, juste pour la photo, juste pour “l’image”. Une générosité sélective, intéressée, qui cherche l’écho des réseaux sociaux, les applaudissements faciles, les likes et les commentaires flatteurs.

Et pourtant, dans ces mêmes entreprises, des employés tombent malades et n’ont même pas les moyens de se soigner. Des mères de famille viennent travailler affamées, des pères traînent leur désespoir dans des habits froissés. À ceux-là, pas un mot, pas un geste, pas même une avance sur salaire. Ils sont là, invisibles.

Il semble qu’au Sénégal, pour être respecté, il faut être connu. Pour mériter un cadeau, il faut avoir une audience. La sociabilité, cette valeur précieuse que l’on associe à notre culture, devient un privilège réservé aux élites médiatisées. Le Sénégalais lambda, lui, peut crever en silence. Il ne compte pas.

C’est là que réside l’hypocrisie la plus cruelle : on parle d’entraide, de solidarité, de partage à l’approche de chaque fête religieuse. Mais cette solidarité ne s’applique qu’à une minorité. Les autres doivent se contenter de “faire avec”, de prier pour un miracle, de quémander un mouton, de s’endetter pour faire plaisir à leurs enfants, pour “sauver la face”, le temps d’un jour.
Il est temps de respecter les travailleurs!
L’heure est venue de changer de paradigme. De cesser de faire semblant. Un patron, ce n’est pas celui qui distribue de l’argent à des stars. C’est celui qui se soucie d’abord de ceux qui font tourner son entreprise. Il est temps de rétablir une forme de justice sociale : payer dignement les employés, leur accorder du respect, les aider à vivre décemment, à fêter dignement.

L’emploi au Sénégal ne doit plus être synonyme de précarité. Il doit être source de stabilité, de reconnaissance, d’opportunité. Car sans ces hommes et ces femmes qui sacrifient tout pour survivre, les grandes entreprises ne sont rien. Et aucun mouton offert à une célébrité n’effacera jamais cette vérité.

À tous les Goorgorlu du Sénégal, bonne fête
PMD
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