Sidi Ould Tah élu président de la Banque africaine de développement : une nouvelle ère pour le financement du développement en Afrique

Sidi Ould Tah élu président de la Banque africaine de développement : une nouvelle ère pour le financement du développement en Afrique
Par la rédaction – 29 mai 2025
La Banque africaine de développement (BAD) entre dans une nouvelle phase de son histoire avec l’élection, ce 29 mai 2025, de l’économiste mauritanien Sidi Ould Tah à sa tête. Lors des assemblées annuelles organisées à Abidjan, M. Ould Tah a été choisi comme 9ᵉ président de l’institution panafricaine, succédant au Nigérian Akinwumi Adesina, qui achèvera son second mandat le 31 août prochain.
Une victoire nette au terme d’un scrutin disputé
L’élection de Sidi Ould Tah s’est imposée au troisième tour de scrutin, avec 76,18 % des voix exprimées par les représentants des 81 États membres de la BAD – dont 54 pays africains et 27 pays non africains. Il a largement devancé ses concurrents, notamment le Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %).
Ce choix confirme le poids croissant de la diplomatie mauritanienne sur la scène continentale, mais aussi la reconnaissance du parcours professionnel de M. Ould Tah, perçu comme un homme pragmatique et visionnaire.
Un profil expérimenté au service du continent
Âgé de 60 ans, Sidi Ould Tah est un économiste chevronné, passé par plusieurs postes de haut niveau en Mauritanie. Il a notamment été ministre de l’Économie et des Finances, ainsi que ministre de l’Agriculture. Depuis 2015, il dirigeait la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), où il a transformé une institution discrète en acteur de poids, multipliant par dix ses engagements annuels et pilotant la première émission obligataire de son histoire (500 millions d’euros en 2024).
Cette expérience opérationnelle, conjuguée à sa connaissance fine des enjeux de développement, a convaincu les électeurs de sa capacité à diriger une BAD confrontée à d’immenses défis.
Une institution face à des enjeux critiques
La présidence de M. Ould Tah intervient dans un contexte de forte pression sur les finances africaines. L’un des dossiers les plus urgents est la réduction de 555 millions de dollars du financement du Fonds africain de développement (FAD) par les États-Unis, une coupe budgétaire qui menace l’appui aux pays les plus fragiles du continent.
Par ailleurs, le déficit annuel de financement nécessaire à la transformation économique de l’Afrique est estimé à plus de 400 milliards de dollars. Le nouveau président devra renforcer la mobilisation de ressources, accroître la résilience macroéconomique du continent, et promouvoir des solutions innovantes face aux défis climatiques, technologiques et géopolitiques.
Ambitions et feuille de route
Dès son élection, Sidi Ould Tah a esquissé les grandes lignes de son mandat. Il prévoit notamment :
- La création d’un mécanisme africain de stabilité financière pour atténuer la vulnérabilité à l’endettement.
- Le renforcement de partenariats stratégiques, en particulier avec les pays du Golfe comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
- Un appui accru à la transformation agricole, à l’industrialisation locale et à l’intégration régionale.
Il a également réaffirmé l’engagement de la BAD à demeurer un partenaire fiable des États membres, en privilégiant l’impact sur le terrain et l’inclusivité du développement.
Vers une nouvelle dynamique africaine
Peu après son élection, M. Ould Tah a rencontré le président ivoirien Alassane Ouattara pour lui faire part de sa reconnaissance et discuter de l’avenir de la BAD, dont le siège est basé à Abidjan. Ce geste symbolique marque son intention de s’ancrer rapidement dans l’action, avec un style fondé sur la concertation et l’efficacité.
Avec Sidi Ould Tah, la BAD semble prête à relever les défis de demain. L’Afrique place désormais de grands espoirs dans cette nouvelle direction, espérant qu’elle saura catalyser les ressources, les talents et les innovations nécessaires pour bâtir un continent prospère, résilient et souverain.
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