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Le scandale silencieux des intérimaires : quand le travail devient une nouvelle forme d’exploitation

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Le scandale silencieux des intérimaires : quand le travail devient une nouvelle forme d’exploitation

Chaque matin, bien avant que le jour ne se lève, des milliers de jeunes hommes et femmes quittent leur domicile pour aller travailler. Ils n’y vont pas par choix, ni par confort. Ils y vont avec l’espoir de s’en sortir, de subvenir à leurs besoins, de construire un avenir meilleur.

Mais pour beaucoup, cette aspiration se heurte à une réalité brutale. Derrière les uniformes qu’ils portent, derrière les logos d’entreprises connues qu’ils affichent, il n’y a souvent aucun contrat, aucune reconnaissance, aucune sécurité.

Ces travailleurs sont les oubliés du système. Ils ne sont pas employés par les entreprises dont ils portent les couleurs, mais par des sociétés d’intérim. Ces agences les mettent à disposition de grandes structures sans que celles-ci n’aient à assumer la moindre responsabilité sociale ou juridique. Le lien entre le travailleur et l’entreprise est coupé dès l’origine. Et c’est là que commence une forme d’exploitation, légalisée mais inacceptable.

Pour beaucoup, le salaire ne reflète ni le travail fourni, ni les risques pris. Une entreprise peut verser 200 000 francs CFA à une société intérimaire pour un poste d’agent de sécurité ou de nettoyage. Mais le travailleur, lui, n’en touchera que 80 000 ou 100 000 francs. Le reste est capté par l’intermédiaire. La moitié de sa valeur est confisquée.

Et s’il arrive qu’un salarié ne convienne plus, il n’y a pas de licenciement, pas de procédure, pas de dialogue. L’entreprise donneuse d’ordre signale simplement à l’agence qu’elle souhaite mettre fin à la prestation. Le travailleur est remercié, sans préavis, sans justification, sans recours.

Ce système, bien rodé, contourne les règles du Code du travail. Il permet aux grandes entreprises d’éviter les charges sociales, les obligations légales et toute forme de relation humaine avec ceux qui exécutent les tâches les plus pénibles. C’est une stratégie cynique, qui repose sur l’indifférence collective et l’absence de régulation stricte.

On les voit partout, ces travailleurs : dans les stations-service, les entrepôts, les centres d’appel, les chantiers, les bureaux. Ils assurent des fonctions essentielles, mais restent invisibles dans les organigrammes. Ils sont présents, utiles, indispensables — mais jamais considérés comme des employés à part entière.

Il ne s’agit pas ici de remettre en cause le principe même de l’intérim, qui peut avoir un rôle dans une économie moderne. Ce que l’on dénonce, c’est l’usage abusif, la dérive systémique, la logique de profit qui écrase l’humain.

L’exemple des chauffeurs récemment écartés d’un seul geste, sans explication, illustre bien la fragilité dans laquelle vivent ces hommes et ces femmes. Aujourd’hui, des milliers d’autres vivent cette même précarité, dans l’indifférence.

À l’heure du jub jubal jubanti, alors que la société réclame plus de justice et d’équité, le combat pour la dignité des travailleurs doit devenir central.

Ces hommes et ces femmes que l’on exploite dans l’ombre sont les piliers silencieux de notre économie. Ce sont eux qui nettoient nos rues, sécurisent nos lieux, entretiennent nos services.
Ils ne sont pas en marge. Ils sont le quotidien.

Reconnaître leur valeur exige des mesures concrètes : un statut clair, une rémunération juste, une vraie protection.
Le progrès social ne se mesure pas à la croissance des bénéfices, mais à la manière dont une nation traite ceux qui la font vivre.

Ce ne sont pas des invisibles. Ce sont des travailleurs essentiels.
Et leur dignité n’est pas négociable.
PMD


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