Liberté d’expression… ou expression d’hypocrisie ? Oui à la liberté d’expression, oui à la démocratie… mais non à l’hypocrisie.

Liberté d’expression… ou expression d’hypocrisie ?
Oui à la liberté d’expression, oui à la démocratie… mais non à l’hypocrisie.
Il n’y a pas si longtemps encore, sous le régime de Macky Sall, le Sénégal vivait une période sombre : des opposants pourchassés et emprisonnés, des manifestants tués, des journalistes bâillonnés, des médias réduits au silence. La démocratie n’était plus qu’un mot vide, pendant que les libertés fondamentales étaient piétinées.
Et pourtant, ceux qui aujourd’hui se proclament défenseurs de la liberté d’expression et champions de la démocratie étaient, à l’époque, silencieux, complices ou confortablement alignés avec le pouvoir répressif.
Quand des citoyens étaient arrêtés pour leurs idées, quand des familles pleuraient leurs fils tombés dans la rue, ces voix prétendument engagées ne s’indignaient pas. Pire encore, certains militaient activement contre les résistants. L’un d’eux, aujourd’hui prompt à crier à la censure, avait même appelé à retirer la licence de Walf TV, affirmant que ce média n’était plus digne du nom de groupe de presse. Une conception bien étrange de la liberté d’expression, faite d’exclusions sélectives et de silences intéressés.
Aujourd’hui, sous un régime démocratiquement élu, ces mêmes figures crient à l’atteinte aux libertés… parce qu’on refuse de normaliser l’insulte gratuite à l’encontre du président ou du Premier ministre. Qu’on soit clair : la liberté d’expression n’a jamais été le droit d’humilier, de calomnier ou de rabaisser.
Dire d’un chef d’État qu’il est un “bon à rien” n’est pas une critique politique. C’est une insulte. Une vulgarité. Une dérive verbale. D’ailleurs, rappelons-le : le mot « gougnafier », souvent employé dans ce contexte, est un terme familier et péjoratif qui signifie “rustre”, “goujat” ou encore “bon à rien”.
Employer un tel langage à l’égard du Président de la République ne relève en rien d’une expression démocratique ; il s’agit plutôt d’une manifestation flagrante d’indiscipline.
Ce qui rend la situation encore plus absurde, c’est que celui-là même qui s’autorise cette violence verbale, réclamait il y a deux ans à peine le rétablissement de la peine capitale contre quiconque s’attaquerait à la République et à ses valeurs. Curieuse conception de la cohérence, et inquiétante flexibilité des principes.
Plus grave encore, une frange de la société civile tombe dans ce piège. Par souci de neutralité, par peur de froisser ou pour afficher une forme de cohérence, elle se contente d’interpellations molles, de prises de position tièdes, et parfois soutient indirectement ces abus, au nom d’une liberté qu’elle défend pourtant avec sérieux dans d’autres contextes.
Mais défendre la liberté, c’est aussi refuser qu’elle devienne une arme contre la dignité. C’est refuser qu’elle soit instrumentalisée pour régler des comptes personnels ou masquer des agendas politiques. Ce n’est pas parce que l’on a été opprimé hier que tout devient permis aujourd’hui.
Le peuple sénégalais, lui, ne se trompe pas. Il sait ce qu’est le vrai prix de la liberté, celle qu’il a arrachée dans la douleur et la lutte. Il sait aussi distinguer la critique légitime du dénigrement systématique, la parole responsable du verbe corrosif.
Alors, que ceux qui hier ont détourné les yeux pendant que la démocratie saignait ne viennent pas aujourd’hui jouer les gardiens de principes qu’ils ont eux-mêmes piétinés.
Oui à la liberté d’expression
Oui à la démocratie.
Mais non à l’hypocrisie.
Et non à la vulgarité maquillée en opinion.
PMD
Opinions libres