Édito – Football sénégalais : de la gloire à l’ordinaire, simple passage à vide ou début d’un déclin ?

Édito – Football sénégalais : de la gloire à l’ordinaire, simple passage à vide ou début d’un déclin ?
Il n’y a pas si longtemps, le Sénégal trônait sur le toit du football africain. L’équipe nationale A, couronnée championne d’Afrique en 2022, faisait vibrer tout un peuple. Dans la foulée, les Lions U20 dominaient la CAN de leur catégorie, les U17 s’imposaient avec brio, et même les locaux montraient leur valeur sur la scène continentale. Le football sénégalais vivait ses années dorées, sa génération dorée. Le rêve était en marche.
Mais depuis, le réveil est brutal.
L’équipe A, pleine d’espoirs pour la CAN 2023, a été sèchement éliminée en quarts de finale par la Côte d’Ivoire, pays hôte. Un match cruel, perdu aux tirs au but, mais révélateur d’un manque de fraîcheur, de créativité et peut-être d’un excès de confiance. Et comme pour illustrer cette rechute, les jeunes Lions ont suivi le même chemin. Les U20, pourtant champions sortants, n’ont pas su défendre leur titre. Même scénario pour les U17, sortis en quart sans briller. L’écho est clair : toutes les équipes nationales, sans exception, se sont arrêtées au même stade. Un symbole peut-être. Un signal sûrement.
Alors faut-il s’inquiéter ? Est-ce le début de la fin ?
Pas nécessairement. Le sport, comme la vie, obéit à des cycles. Il est rare – pour ne pas dire impossible – de rester éternellement au sommet. Après le sommet vient la descente, souvent abrupte, parfois douloureuse, mais inévitable. Ce qui compte, c’est de savoir comment on gère cette phase, comment on s’y prépare, et surtout, comment on rebondit.
Mais s’il est naturel de redescendre après avoir touché les étoiles, il serait dangereux de se voiler la face. Car ce que traverse le football sénégalais en ce moment n’est pas qu’un simple passage à vide. Il y a des signes inquiétants. Des sélections moins inspirées, un jeu stéréotypé, un manque de renouvellement dans les idées et, parfois, dans les hommes. L’usure psychologique et tactique est palpable.
Faut-il remettre en cause le staff ? La formation ? Le système de détection ?
Peut-être pas encore, mais le temps de la remise en question est venu. Il ne s’agit pas de tout jeter, mais de réajuster. Revenir à l’humilité du travail de fond. Redonner un souffle neuf, repenser certains automatismes, cultiver l’exigence. Le talent, au Sénégal, est abondant. Ce n’est pas le vivier qui manque. Mais le talent, s’il n’est pas structuré, guidé, encadré, finit toujours par s’éteindre.
Le football sénégalais n’est pas mort. Il respire encore. Mais il cherche un nouveau souffle.
Il faudra du courage pour tourner la page de l’euphorie et entrer dans celle de la reconstruction. Et surtout, il faudra éviter le piège de la nostalgie. L’exploit de 2022 restera historique, mais il ne doit pas devenir un fardeau. Car les victoires d’hier ne garantissent rien pour demain.
À la Fédération, aux techniciens, aux encadreurs, et à toute la chaîne de responsabilité, de se remettre en question. À tout un pays, aussi, d’accompagner ses Lions dans la tempête comme dans les triomphes.
Le Sénégal a montré qu’il pouvait régner. Il s’agit maintenant de prouver qu’il peut durer.
OPINIONS LIBRES