MANSOUR FAYE FACE À LA JUSTICE : “JE NE ME VOIS PAS EN PRISON”… POURTANT ?

MANSOUR FAYE FACE À LA JUSTICE : “JE NE ME VOIS PAS EN PRISON”… POURTANT ?
L’ancien ministre du Développement communautaire dans la tourmente du rapport de l’OFNAC
Le rapport explosif de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), publié en 2022, continue de faire trembler l’ancien régime. L’un de ses principaux visés : Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, par ailleurs beau-frère de l’ex-président Macky Sall. Alors que le document révèle de graves irrégularités dans la gestion du fonds Force-Covid-19, le principal concerné nie toute malversation. « Je ne me vois pas en prison », a-t-il déclaré dans un entretien exclusif avec L’Observateur. Une phrase qui résonne dans un contexte où les masques tombent, les comptes s’ouvrent, et la justice resserre l’étau.
Un programme social devenu champ de soupçons
L’OFNAC pointe du doigt une gestion entachée de négligences et de soupçons de favoritisme. Mansour Faye était chargé de la distribution de kits alimentaires d’urgence dans le cadre du programme Force-Covid-19, censé soulager les populations les plus vulnérables en pleine pandémie. Or, selon les enquêteurs, des marchés ont été attribués sans appels d’offres transparents, certains prestataires liés à des proches du pouvoir, et des cas de surfacturation flagrante ont été recensés.
Une ligne de défense fragile
Mansour Faye, de son côté, nie toute implication directe. Il affirme n’avoir jamais été convoqué ni entendu par l’OFNAC, précisant que seules des remarques de la Cour des comptes sur des écarts de prix ont été formulées, remarques qu’il juge injustifiées. « Les prix appliqués tenaient compte du contexte exceptionnel de la crise », plaide-t-il. Quant à la compétence de l’OFNAC à l’interroger, il soutient que cette structure n’est pas habilitée à entendre un ministre en fonction ou un ancien membre du gouvernement, un point de vue que contestent de nombreux juristes.
Un affront juridique au cadre légal
En effet, l’article 3 de la loi n°2012-30 portant création de l’OFNAC est clair : l’Office peut entendre toute personne présumée impliquée dans des faits de corruption ou de fraude, quelle que soit sa fonction, et nul ne peut opposer le secret professionnel ou la qualité de membre du gouvernement pour échapper à une audition. Ce refus de coopérer apparaît donc comme un acte de défiance envers les institutions républicaines.
La pression monte, la classe politique s’agite
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le mouvement FRAPP et le parti FDS exigent la démission immédiate de Mansour Faye du Conseil des ministres, dénonçant « l’arrogance d’un homme qui refuse de rendre compte ». Plusieurs figures de la société civile s’interrogent sur l’inaction de la justice jusqu’ici, alors que d’autres anciens ministres sont déjà convoqués ou en détention provisoire dans des affaires similaires.
Vers un revirement judiciaire ?
Alors que le procureur spécial près de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et le parquet financier renforcent leurs investigations, la probabilité d’une audition ou même d’une inculpation de Mansour Faye devient de plus en plus réaliste. Lui qui dit ne pas se voir en prison pourrait bien devoir s’y préparer si les accusations se confirment.
La suite des événements dépendra de la détermination de la justice à traiter ce dossier comme les autres, sans calcul politique. Et si les faits sont établis, alors la fameuse phrase du ministre — « je ne me vois pas en prison » — pourrait n’avoir été qu’un vœu pieux.
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