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L’APR boycotte le dialogue national et dénonce une « cabale politique » contre ses anciens ministres

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L’APR boycotte le dialogue national et dénonce une « cabale politique » contre ses anciens ministres

À l’approche de l’ouverture du dialogue national prévue le 28 mai prochain, l’Alliance pour la République (APR) a annoncé son refus d’y participer. Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 9 mai au siège du parti, Seydou Guèye, membre influent de la formation fondée par l’ancien président Macky Sall, a justifié cette décision par ce qu’il qualifie d’« attaques répétées et irrespectueuses » de la part du pouvoir actuel à l’encontre du prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye.

« Quand un ministre traite le chef de notre parti, qui a dirigé ce pays pendant 12 ans, de chef de gang ; quand le président de la République attaque publiquement, pour la première fois au Sénégal, son prédécesseur qui lui a transmis le pouvoir démocratiquement […] l’APR ne peut pas cautionner cette démarche », a déclaré Seydou Guèye devant la presse. Pour le parti, la date symbolique choisie pour lancer le dialogue – instaurée sous Macky Sall – ne suffit pas à masquer une volonté de marginaliser l’opposition et de réécrire l’histoire récente du pays.

Cette sortie intervient dans un climat politique tendu, marqué par la mise en accusation de plusieurs anciens ministres du régime précédent. Jeudi 8 mai, l’Assemblée nationale, dominée par la nouvelle majorité, a adopté une résolution visant à traduire cinq ex-membres du gouvernement devant la Haute Cour de Justice. Parmi les personnes visées : Mansour Faye, Ismaïla Madior Fall, Moustapha Diop, Ndèye Saly Diop Dieng et Aïssatou Sophie Gladima. Des accusations de gestion frauduleuse et d’abus de pouvoir pèsent sur eux.

Pour l’APR, cette offensive judiciaire s’apparente à une « opération de décapitation politique ». L’ancien Premier ministre Sidiki Kaba y voit une stratégie de liquidation systématique de l’ancien régime : « Il s’agit d’un acharnement maladif destiné à transformer nos camarades en trophées de guerre », a-t-il fustigé. Selon lui, la majorité actuelle utilise l’Assemblée comme un bras armé politique pour prononcer une culpabilité morale avant toute décision judiciaire.

Le parti présidentiel sortant exprime sa solidarité envers ses membres poursuivis ou incarcérés, notamment le député Farba Ngom, l’ancien ministre Lat Diop, Abdoulaye Ndiaye et Assane Diouf. Sidiki Kaba a rappelé que plusieurs décisions rendues par des juridictions nationales et internationales, dont la Cour de Justice de la CEDEAO et la Cour suprême du Sénégal, ont donné raison à certains de ces responsables, mettant en cause la régularité des procédures engagées.

« Le respect de l’État de droit et des libertés fondamentales doit rester le socle de notre démocratie », a martelé Kaba, appelant les autorités actuelles à faire preuve de retenue et de justice impartiale. Il a averti contre toute tentation autoritaire qui risquerait d’hypothéquer le tournant historique que traverse actuellement le pays.

Alors que le président Diomaye Faye avait voulu faire de ce dialogue un moment de rassemblement national, l’absence de l’APR risque de fragiliser la portée inclusive de cette initiative. Le pouvoir devra désormais convaincre que la volonté de rupture et de reddition des comptes ne se transforme pas en chasse aux sorcières politique.

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