Blanchiment, sociétés-écrans et fortunes occultes : les fils du système dans le viseur de la justice

Blanchiment, sociétés-écrans et fortunes occultes : les fils du système dans le viseur de la justice
L’affaire Farba Ngom, Tahirou Sarr et consorts prend une tournure explosive. Loin d’un simple épisode judiciaire isolé, l’enquête révèle l’existence d’un réseau tentaculaire mêlant figures politiques, personnalités médiatiques, entreprises écrans et membres influents de familles d’anciens dignitaires du régime de Macky Sall.
Selon Walf Quotidien, le procureur de la République financier adjoint a requis l’inculpation de plusieurs individus, parmi lesquels : Cheikh Tidiane Seck, Ibrahima Bâ (fils de l’ex-Premier ministre Amadou Bâ), Babacar Niang, Samuel Amète Sarr, Mamadou Sy, Waly Ibrahima Wade Seck (plus connu sous le nom de Waly Ballago Seck) et Saliou Sylla. Ces personnes sont poursuivies pour « association de malfaiteurs en groupe criminel organisé » et « blanchiment de capitaux commis par un groupe criminel organisé ».
Le parquet a également demandé l’inculpation des entités morales soupçonnées d’être liées à Amadou Macky Sall, fils de l’ancien président Macky Sall, dans des opérations jugées suspectes. Un mandat de dépôt a été requis contre tous les individus cités, ainsi que des mesures conservatoires sur leurs avoirs.
À l’origine de cette offensive judiciaire : un rapport complémentaire transmis fin mars par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), dans le prolongement du dossier qui a déjà conduit à l’incarcération de Farba Ngom et Tahirou Sarr. Ce rapport met en lumière un « système financier complexe et structuré », impliquant des personnalités politiquement exposées et de multiples structures juridiques, avec des flux financiers massifs et sans justification économique claire.
Parmi les faits notables, Saliou Sylla, fondateur de l’entreprise « Ets Saliou Sylla », est suspecté d’avoir procédé à des retraits de chèques pour un montant cumulé de 5,59 milliards de francs CFA. Ibrahima Bâ, fils d’Amadou Bâ, aurait quant à lui été impliqué via des sociétés écrans comme « Sci-CTS », gérée par Cheikh Tidiane Seck, chauffeur de son père. Il détiendrait 30 % des parts de cette société, financées par la vente en 2022 d’un terrain à Ouakam pour 400 millions de francs CFA à un certain Francisco Dimir Nhaga.
Le nom de Samuel Amète Sarr, déjà détenu dans une autre affaire, refait également surface, cité pour des transferts douteux, dont un chèque de 200 millions de francs CFA. Babacar Niang apparaît comme gestionnaire de plusieurs comptes bancaires liés aux sociétés incriminées. Mahamadane Sarr est quant à lui mentionné comme partenaire d’affaires d’Amadou Macky Sall, au cœur d’opérations financières jugées troubles. Enfin, Mamadou Sy et Waly Ibrahima Wade Seck sont soupçonnés d’avoir perçu d’importants transferts d’argent.
À mesure que l’instruction avance, l’affaire dévoile les rouages d’un système où affaires privées et privilèges publics se confondent dangereusement. Pour les enquêteurs, l’objectif est désormais clair : démanteler l’architecture financière opaque héritée de l’ancien régime.
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